Est-ce que tu peux te présenter s’il te plait ?
Je m’appelle Majan Dutertre, je suis graphiste et co-fondateur, avec Paul-Henri Schaedelin et Laurent Tacco, du Studio Fables. Ensemble, nous concevons des identités visuelles, des affiches, des objets éditoriaux, des sites internet ou encore des dispositifs interactifs.
Est-ce que tu peux nous parler de ton projet ici aux Moyens du Bord ?
J’ai vécu mon enfance et mon adolescence à Morlaix avant de partir faire mes études et m’installer à Paris. Comme beaucoup, j’ai toujours été fasciné par l’urbanisme du centre-ville de Morlaix avec ses maisons paraissant s’imbriquer les unes dans les autres. Le point de départ du projet était donc assez évident : étudier le territoire de Morlaix et notamment son architecture. J’ai tout d’abord effectué une série de photographies du centre-ville.
Celles-ci m’ont servi de matière première afin de générer un vocabulaire de formes. L’idée était d’enlever les éléments traditionnels et pittoresques et de proposer des images à la lisière entre le signe et la forme géométrique, à la frontière entre abstraction et figuration.
J’avais également envie de proposer un projet prenant comme sujet son lieu de production et d’exposition. Le public fera peut-être des corrélations entre les images proposées et sa déambulation dans les rues de Morlaix.
Concernant les moyens de production, tu as choisi la sérigraphie, pourquoi avoir choisi ce procédé et peux-tu nous expliquer comment cela fonctionne ?
Étant graphiste, ma pratique est souvent liée à un moyen d’impression permettant de produire des multiples. L’atelier de sérigraphie des Moyens du Bords tombait donc à point !
La sérigraphie est une technique d’impression inventée en Chine qui s’apparente un peu au pochoir. On vient insoler un motif, une image et/ou du texte sur un écran en nylon. Ensuite, on place cet écran sur un support, cela peut être du papier, du verre ou encore du métal, et l’on vient racler de l’encre afin d’imprimer le motif initial sur le support. Cette technique est utilisée sur de nombreux éléments de notre quotidien (affiches, t-shirts, panneaux de signalisation…).
Pendant cette étape d’impression, je suis accompagné par Laurent Tacco, un de mes acolytes du Studio Fables. La sérigraphie nous permet de voir immédiatement le résultat et de pouvoir échanger sur l’image produite. C’est une technique idéale pour expérimenter.
Les toits de Morlaix t’ont inspirés quelles couleurs ?
Il n’y a pas de lien immédiat avec les toits de Morlaix au contraire l’idée était de continuer à brouiller les pistes. Le choix des couleurs s’est également fait sur des rapports chromatiques. Le cyan, le rouge fluo et le jaune fluo sont trois couleurs qui offrent des effets de surimpression et des confrontations chromatiques fortes.
Là tu es en résidence aux moyens du bord, où et quand seront exposées les œuvres que tu crées en ce moment ?
L’exposition aura lieu cet été et j’invite les morlaisiennes, les morlaisiens, les habitants de la région mais aussi les vacanciers à se rendre aux Moyens du Bord à partir du 24 Juin.
Comment as-tu connu cet endroit ?
Comme je te le disais, j’ai grandi à Morlaix, j’ai vu des expositions des Moyens du bord quand j’étais adolescent. Hormis le musée et quelques galeries, c’était le seul lieu où découvrir des productions artistiques. Aujourd’hui encore il n’y a que très peu d’endroits, c’est donc important que les Moyens du Bord existent et continuent leur démarche.
Et du coup tu l’as dit tu es graphiste, et pas artiste plasticien, mais artiste quand même vu que tu es graphiste ?
Non, je suis graphiste. Il est vrai que parfois les frontières sont minces mais cela reste deux pratiques différentes.
Le travail du graphiste est de transmettre un message qui n’est pas le sien au départ. Il est une sorte de médiateur.
Si nous parlons du projet mené lors de cette résidence, effectivement il peut y avoir des similitudes avec une production artistique (il n’y a pas de relation à un contenu défini et pas de commanditaire avec qui le travail se construit). Mais je ne dirai pas qu’il aboutisse à des œuvres d’Art. Il est plutôt un aparté, un temps consacré à la tentative et à l’expérimentation dont la production visible lors de l’exposition sera le témoin.
Propos recueillis par Paul le Goff, étudiant à l’IUT GACO de Morlaix, stagiaire aux Moyens du Bord en juin 2017
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